La disparition inquiétante des tournois de tennis en Belgique
En 2019, les Belges devront s’exiler pour remporter leurs premiers points pros.
- Publié le 03-05-2018 à 11h13
- Mis à jour le 04-05-2018 à 09h50
En 2019, les Belges devront s’exiler pour remporter leurs premiers points pros. Comment s’organise la hiérarchie des tournois entre les 15.000 dollars et les Grands Chelems ?
Les 4 Grands Chelems, les 9 Masters 1000 et les 13 ATP 500 ne trouveront jamais d’échos sur le sol belge. En revanche, la Belgique organise l’European Open à Anvers depuis deux ans. Il rend hommage notamment à David Goffin.
En dessous, le challenger de Mons, qui était doté de 125.000 dollars, est donc mort en 2016. Un échelon plus bas, on tombe directement sur le circuit des Futures qui offrent un prize money de 25.000 et 15.000 dollars.
En 2019, la réforme du Transition Tour supprimera les points ATP de ces Futures. "Par conséquent, ces tournois perdent leur intérêt", n’hésite pas à dire André Stein.
Le président rappelle aussi que la mission originelle de ces tournois a été oubliée au fil des ans. "Ces 15.000 se remplissaient de joueurs âgés ou venus de l’étranger qui cherchaient à amasser de l’argent plus facilement. Par conséquent, ils ne servaient plus à lancer de jeunes Belges."
En parallèle, il existe le Tennis Europe qui n’offre pas de points ATP et qui se répartit entre les catégories très ciblées : U12, U14 et U16. "Il y en a encore trop peu", avoue André Stein.
Si on quitte le circuit pro, on retrouve évidemment l’un des fleurons de notre pays : l’Astrid Bowl qui s’adresse aux juniors. Ce tournoi a acquis une belle notoriété au fil des ans.
Plus bas, nous arrivons au niveau régional avec quelques étoilés qui sont bien cotés. On ne parle plus de tournois pros.
En d’autres termes, un jeune joueur belge qui veut percer à l’ATP ne pourra plus remporter de points ATP à l’exception de l’ATP 250 d’Anvers qui est déjà d’un niveau très élevé.
Challenger de Mons: "Le projet est jeté aux oubliettes"
Le challenger de Mons ne reviendra plus jamais, ce qui est catastrophique pour les jeunes Belges et les spectateurs.
Le challenger de Mons ne fêtera jamais son 13e anniversaire. L’an passé, un crowdfunding d’envergure avait été lancé sans qu’il n’aboutisse à un résultat favorable. L’urgence de la situation avait ruiné tout espoir d’issue favorable. Un an plus tard, les feux sont toujours au rouge.
En Belgique, plus personne ne voit l’intérêt de redonner vie à un tournoi qui était très important pour aider nos jeunes Belges à percer sur le circuit pro.
Né de la volonté de la Ville de Mons, de l’AFT, d’un main sponsor et de l’organisateur Gaëtan Jacquemin, le tournoi avait accueilli des grandes pointures comme Andy Murray ou David Goffin, mais il avait aussi offert une belle opportunité aux Belges de faire leurs adieux au circuit devant leur public. On se souvient de ces grandes soirées riches en émotions lors des derniers matches des Rochus, Vliegen et autres Malisse.
"À mon grand désarroi, le projet est jeté aux oubliettes", confie Gaëtan Jacquemin. "Visiblement, personne ne voit l’utilité d’un tel tournoi. Tout le monde l’a oublié : sponsors, fédé… De mon côté, je ne cherche plus à le relancer pour la simple raison que personne n’est demandeur. J’ai d’autres chats à fouetter."
Il va même plus loin dans sa réflexion. "Je suis surpris que ce soit un journaliste qui me pose la question. J’aurais plutôt attendu un signe des responsables de la fédération. Vous êtes le premier à m’en parler depuis 6 mois."
Le président de l’AFT n’a pas l’intention de réactiver cette piste. André Stein a apprécié les 12 éditions d’un challenger qui a été récompensé à trois reprises par l’ATP. "Nous avions une belle tripartite avec la Ville, l’AFT et Ethias. Ce tournoi a été une grande réussite qui imposait quand même un budget de 800.000 euros. C’est énorme."
L’heure est à l’économie. L’AFT a récupéré quelques dizaines de milliers d’euros en stoppant les frais du challenger hennuyer. La Fédé a aussi fermé les robinets des 15.000 dollars. Cette année, les 15.000 ont dû se battre pour survivre. Ces signaux ne sont pas rassurants.
Les amateurs de tennis pourraient être privés de matches de haut niveau sur le sol belge. En effet, la disparition du challenger de Mons casse un maillon important de la chaîne entre les Futures et les ATP.
Ajoutez que l’avenir de la Coupe Davis s’écrit en pointillés et risque peut-être de ne plus passer par la Belgique.
Les 15.000 dollars, aussi, seront réformés en 2019 et n’offriront plus de points ATP ce qui risque d’amoindrir la qualité des tableaux. Il ne restera plus qu’un seul événement masculin majeur : l’ATP 250 d’Anvers. Mais pour combien de temps ?
"J’ai le sentiment que tout échappe à des petits pays comme le nôtre", confie Gaëtan Jacquemin qui ne manque pas de tirer la sonnette d’alarme. "Nous n’avons pas d’argent. Pourquoi organisons-nous un tournoi-exhibition pour des vieilles gloires qui n’ont plus besoin d’argent ? Nous ne pensons plus au développement de nos jeunes sportifs qui ont besoin de tournoi pour se lancer dans le grand bain."